Les Raids Féniens
Au moment où j'écris ce premier article, nous sommes le 17 mars 2024, jour de la St-Patrick, la fête nationale des Irlandais. Donc de quoi pourrais-je parler ? Histoire de l'Irlande ? De la vie de St-Patrick? Et bien si je vous parlais aujourd'hui des raids féniens, les fois où une milice américaine originaire d'Irlande a voulu envahir le Canada en échange de l'indépendance de la terre du trèfle à quatre feuilles ? Il y a de bonnes chances que vous me dites ''les raids féniens ? De kesser ça ? Jamais entendu parler de ça dans mes cours d'histoire !'' Et bien, c'est un bout de l'histoire canadienne pas très connue effectivement. Je veux dire que le Canada a certes une belle histoire, mais à côté de je ne sais pas l'Angleterre ou la France, voire l'Espagne ou même le Japon, notre histoire est, disons, assez série B, voire même un peu Z. Mais bon, il y a quand même des histoires intéressantes malgré tout. Et c'est une de ces histoires du pays de la feuille d'érable que je vais vous raconter. Sur ce, avant que je commence ce récit, je veux que vous vous notiez de quelque chose de très important. Je ne suis pas un historien, mais une personne passionnée d'histoire ! Mes sources vont provenir de sources crédibles comme le site du Musée de la guerre canadienne, les sites patrimoniaux canadiens et bien sûr le fameux Wikipedia (ne jugez pas, on l'utilise tous !). Si vous êtes historien ou vous voulez me corriger sur des erreurs que j'aurais faites sans m'en rendre compte, merci de me le faire savoir. Bon, commençons !
Nous sommes dans les années 1860. La première puissance mondiale à cette époque est la Grande-Bretagne qui comptait dans son empire à son apogée plus du quart de la population mondiale. Dans cet empire, il y a une île nommée Irlande qui commence à bouillonner pour avoir son indépendance. En plus, durant le 19e siècle, il eut sur cette terre celte la fameuse Grande famine qui conduisit à une grande diaspora. Plusieurs de ces descendants celtes émigrèrent vers d'autres pays, dont bien sûr le Canada, mais aussi les États-Unis. Dans le pays de l'oncle Sam, il y a une importante communauté américano-irlandaise dont plusieurs souhaitent l'indépendance de leur terre natale. Un groupe en particulier, les Féniens. Ce fameux groupe naquit en 1858 et souhaite évidemment la souveraineté de l'Irlande par tous les moyens possibles, donc… les armes ! Mais comment y parvenir ? Et bien quelqu'un eut une idée de génie.
Fénien 1 : Heille, le gang, j'ai une idée pour libérer notre pays !
Fénien 2 : D'accord, c'est quoi ?
Fénien 1 : ENVAHISSONS LE CANADA
Fénien 2 : Hein ?
Fénien 1 : Ben oui ! Le Canada n'est pas très peuplé. Profitons-en ! On envahit le pays, on le prend en otage, puis on demande à la reine Victoria en retour l'indépendance de l'Irlande !
Fénien : Euh… Bah oui, pourquoi pas ! LIBERTÉ !
Drapeau utiliser par les Féniens |
En gros, imaginez les Féniens comme une sorte de milice citoyenne plus ou moins organisée qui cause la gêne partout où ils passent. Ce groupe de combattants pour la liberté n'est pas vu de bon œil par la plupart des gens, donc en particulier par le gouvernement américain qui a peur que si on laisse ces soldats amateurs foutre le trouble chez leurs voisins du Nord, cela nuise aux prochaines relations diplomatiques. Mais les Féniens s'en foutent de ce que pense Washington : on doit libérer l'Irlande coûte que coûte ! Dur à croire, mais les Féniens ont donné de vraies sueurs froides aux Canadiens de 1860 aux environs des années 1890. C'était même un des arguments pour créer la fameuse Constitution de 1867. Je vais maintenant vous décrire rapidement les principaux raids de cette milice citoyenne. Je vous rappelle que c'est un article de blog. Si vous en voulez plus, je vous invite à consulter des sites sur ce sujet fiables. Je veux juste tenter de vous intéresser à ce bout méconnu de l'histoire canadienne.
Le raid de l'île de Campobello, avril 1866
La première tentative d'invasion est tentée un beau jour d'avril 1866. 800 Féniens tentent de prendre l'île Nouveau-Brunswickoise de Campobello, mais ça sera un gros flop, le raid n'aura même pas eu lieu ! En arrivant sur les côtes du Maine où ils peuvent apercevoir l'île en question, ils sont tout de suite arrêtés par les autorités américaines. Hors de question de créer un incident diplomatique avec les Canucks. Échec du premier raid.
La bataille de Ridgeway, 2 juin 1866
Hors de question pour les Féniens d'abandonner. On tente une autre tentative en fin de printemps de 1866.
Un groupe part de Buffalo pour attaquer le Canada en passant par la rivière Niaguara et une escarmouche a lieu dans le coin de Ridgeway avec une milice anglo-canadienne le 2 juin 1866 et contre toute attente… les Féniens l'emportent. Un vent d'optimisme souffle sur les américano-irlandais. Une première victoire des Irlandes sur les Red Coats depuis la bataille de Fontenay en 1754 et en plus, ils remportent une autre victoire au fort Ériré où ils obtiennent la reddition du groupe de garde là-bas. Mais l'optimisme sera de courte durée hélas, car aucun renfort des États-Unis n'arrive pour continuer l'invasion. Et en plus, les éclaireurs féniens déclarent que des renforts arrivent pour venger leurs camarades de leurs dernières défaites. Pas le choix, on rentre à la maison, on se reprendra. Mais qui attend avec impatience la fameuse milice citoyenne à Buffalo ? Coucou, c'est nous, la Marine américaine, qui venons vous arrêter. Un autre échec pour les Féniens. Une bonne gang se retrouve en prison pour avoir violé la loi du président Jackson sur la neutralité américaine.
Bataille de Ridgeway |
Raid sur Pigeon Hill le 7 juin 1866
Savez-vous que même le Québec eut le droit à des raids féniens ? Et bien oui ! Je vous explique. En juin 1866, les autorités américaines sont déterminées à régler le cas des Féniens et procèdent à plusieurs arrestations, dont celle d'un des généraux de ce groupe, Samuel Spear. Mais ce frippon de Speart réussit à s'échapper et avec 1000 hommes, il envahit le Canada en occupant les municipalités québécoises de Pigeon Hill, Frelighsburg, Saint-Armand et Stanbridge East. Mais cette occupation ne durera pas très longtemps. Le lendemain, les troupes canadiennes rappliquèrent et battirent facilement les militants indépendantistes irlandais qui manquèrent de munitions et de vivres. Ces derniers n'eurent le choix que de se rendre et voilà un autre échec pour les Féniens. Dans la série, le Canada mène 3-0.
Le Canada est sauvé pour le moment, certes, mais cela accélèrera le projet de Constitution du 1er juillet 1867 pour faire du Canada un pays pour pouvoir mieux se défendre contre ces mystérieux Irlandais voulant l'indépendance de leur mère patrie en envahissant un pays sans rapport dans le conflit. Il va falloir attendre 4 ans pour avoir un autre raid.
Bataille d'Eccles Hill, 25 mai 1870
4 ans plus tard, nos millitants américano-irlandais retentent leur coup cette fois-ci en tentant une invasion du Canada en envahissant la province de Québec par la frontière du Vermont. Où précisément? Dans l'ancien comté de Missiquoi en Estrie. On décide de lancer l'attaque le 25 mai. Pourquoi cette date ? Car c'est le jour de la fête de la Reine Victoria et la plupart des troupes canadiennes seront stationnées à Montréal pour parader. Le champ devrait être libre pour les Féniens, mais surprise, parmi les colonels féniens, il y a un dénommé Henri Le Caron qui s'appelle en réalité Thomas Billis Beach qui est un agent secret britannique. Dès que ce « James Bond » apprend le plan du prochain raid, il se dépêche d'avertir les autorités canadiennes pour qui se préparent à accueillir cette fameuse milice dont ça fait un petit bout de temps qu'ils n'ont pas vu ! Et ce n'est pas fini, il y a encore plus. Le jour de l'attaque, le commandant des troupes féniennes, John O'Neil, est interpellé par le marshall américain Georges P. Foster qui l'avertit que les Canadiennes sont au courant du raid en question et que si les Féniens foutent le désordre chez les voisins du nord, il devra payer les conséquences. O'Neil ignore les avertissements de Marshall et décide d'attaquer pareil. En arrivant sur le lieu de la bataille, les indépendantistes irlandais remarquent immédiatement une milice de Montréal qui les attend de pied ferme depuis hier soir. La bataille a lieu pareil et… c'est une autre défaite pour la milice américano-irlandaise. 6 morts féniens avec 18 à 40 blessés contre 0 perte du côté canadien. En plus, O'Neil est finalement arrêté par le Marshall Foster pour avoir violé la loi sur la neutralité américaine. Ouin, ça ne va pas bien pour cette milice, là.
Bataille de Eccles Hill |
Le raid de Pembina, octobre 1871
Un an plus tard, O'Neil sort de prison et tente une dernière tentative. Cette fois, le général de la milice apprend que les Métis de Louis Riel au Manitoba sont en pleine révolte contre les autorités canadiennes. L'opportunité est là ! Et puis peut-être que si les Féniens se joignent à la troupe rebelle Métis, ces derniers peut-être l'aideront à obtenir ce qu'il veut en retour. Donc, le 5 octobre, 35 Féniens à partir du Minnesota prennent un poste de la baie d'Hudson ainsi qu'un poste de douane à la frontière. Mais le raid est rapidement arrêté ! Pas par les troupes canadiennes et bien non, par l'armée américaine qui en a assez de ces fameux fauteurs de troubles qui nuisent aux relations américano-canadiennes. O'Neil, ses bras droits et 10 Féniens sont arrêtés à Pembina.
Et voilà, c'était l'histoire du dernier Raid fénien. Certes, dans le coin de la Colombie-Britannique, on craint toujours une attaque, mais rien n'arrivera. Mais la menace est toujours présente et on craint tellement un autre raid que quand on inaugurera le chemin de fer du Canadien Pacific en 1886, on dépéchera plusieurs navires de guerre à Vancouver pour être sûr de tenir en respect les troupes féniennes pour ne pas gâcher le party comme on dit !
La menace deviendra chose du passé durant les années 1890, mais pendant un petit bout de temps, il aura un petit froid entre le Canada et les États-Unis. Les Canadiens bouderont un peu les Américains pour ne pas avoir agi assez vite pour arrêter cette sorte de milice citoyenne qui a causé du trouble dans leur pays passible.
Aujourd'hui, cette histoire est peu connue au Canada, mais j'aimerais quand même vous en faire part, car je trouve cette histoire assez cocasse. Surtout en cette journée de la Saint-Patrick ! J'espère que vous avez aimé mon article. Si vous en voulez en savoir plus, je vous invite à aller sur
Le musée canadien de la guerre
https ://www.museedelaguerre.ca/cwm/exhibitions/chrono/1774fenian.html
L'Encyclopédie canadienne :
https ://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/les-raids-des-fenians
La page Wikipédia sur les raids féniens
https ://fr.wikipedia.org/wiki/Raids féniens
Et surtout, n'hésitez pas à consulter des vrais historiens spécialisés sur le sujet, car souvenez-vous, je suis juste un gars bien simple qui adore l'histoire qui voulait vous partager cette anecdote. Il se peut qu'il y ait des erreurs dans mon article. N'hésitez pas à m'en faire part !
Sur ce, portez-vous bien et à la prochaine !
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